Écho de presse

Arthur Conan Doyle, l'homme qui parlait aux morts

le 22/03/2021 par Pierre Ancery
le 30/12/2016 par Pierre Ancery - modifié le 22/03/2021

Le père de Sherlock Holmes, qui croyait aux forces de l'au-delà, fut un apôtre fervent du spiritisme.

Arthur Conan Doyle avait beau être médecin de formation et avoir créé le personnage le plus rationaliste de l'histoire, il croyait dur comme fer aux esprits. L'écrivain britannique devenu célèbre à la fin des années 1880 avec ses Aventures de Sherlock Holmes avait en effet développé un goût fervent pour le spiritisme. Très en vogue au XIXe siècle (Victor Hugo, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas s'y adonnaient), cette doctrine est fondée sur la croyance que certains phénomènes paranormaux sont le moyen pour les esprits des morts de communiquer avec les vivants.

 

La presse française ne manquait jamais de rappeler cet aspect de la personnalité de l'auteur du Monde perdu. En 1919, Le Matin consacrait un article à la mystérieuse « matérialisation » du fils décédé de Conan Doyle sur une photographie du romancier. En 1923, Le Petit Journal reprend ironiquement des propos tenus par l'écrivain lors d'une conférence sur l'au-delà :

 

"— Dans cette sphère glorieuse, a-t-il dit, se trouvent des palais, des lacs, des ruisseaux, des endroits charmants de repos et de distraction qui surpassent tout ce que nous avons ici-bas... Nombre d'esprits avec lesquels je suis entré en communication m'ont déclaré qu'en arrivant dans cette nouvelle sphère, ils croyaient de prime abord s'être égarés dans quelque région inconnue et magnifique de la terre."

 

En 1925, Le Rappel publie une interview de Conan Doyle sur ce sujet, dans laquelle il explique que le spiritisme propose "des perspectives de survie". Et Paris-Soir, dans un article très sarcastique, se rend dans la "boutique de l'occulte" que l'écrivain a ouverte à Londres, The Psychic Bookstore.

 

"Du haut en bas des classes anglaises viennent échouer chez sir Conan Doyle ceux qui prennent de l'astral comme de l'opium, à doses de plus en plus fortes, jusqu'au nirvana nouveau."

 

La même année, Les Annales politiques et littéraires interrogent le père de Sherlock Holmes sur sa croyance aux esprits.

 

"— Certaines religions ont pu nous inspirer de la crainte ; mais, égarées dans les trivialités, elles ne nous permettent plus de communier avec le monde supérieur. Les spirites ont rétabli le contact, si j'ose dire. Ils communiquent avec l'intelligence centrale, grâce...

Aux médiums ?

— Non, grâce aux anges. Les anges sont des spirites supérieurs. Ces messagers de l'au-delà sont parfois grossiers : c'est que nous les y forçons."

 

Les mêmes Annales, en 1928, vont passer "deux jours chez Sir Arthur Conan Doyle" et apprennent au lecteur que ce dernier croit à l'existence des fées et ne désespère pas de réussir un jour à en photographier.

 

"Il nous a montré la clairière où, avec son kodak, et une fillette de huit ans qui voit les élémentaux, il se poste, chasseur patient, en attendant les « petits Esprits » qu'attirera, un soir, la chanson de la boîte à musique. Déjà, il a obtenu sur la plaque une brumeuse figure humaine. « Je ferai mieux », assure-t-il."  

 

Lorsqu'il meurt en 1930, à 71 ans, L'Européen nous apprend que Conan Doyle a pris ses dispositions, interdisant à ses proches de porter le deuil. L'écrivain comptait en effet "entretenir des relations régulières avec sa famille" après sa mort ! On ne s'étonnera donc guère que son esprit ait été aperçu dans les rues de New York en 1937, comme nous l'explique L'Intransigeant...

 

L'existence d'Arthur Conan Doyle avait été marquée par une série de deuils pouvant expliquer son obsession pour la communication avec l'au-delà. Outre son fils, mort en 1918, il avait perdu sa première épouse en 1906, son frère en 1919, ainsi que deux beaux-frères et deux neveux pendant la Première Guerre mondiale.

 

 

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